Concert Tierra y Libertad lundi 2 Mai à Namur
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Pour la
terre et la liberté
Depuis que
la propriété privée existe, il y a ceux qui possèdent et les
autres. Au sein des classes dépossédées, nous avons été obligés
de subir l'esclavage salarié, subissant des milliers d'infamies à
la seule fin de pouvoir continuer à survivre en ce monde. Mais
certains d'entre nous résistent, se rebellent et cherchent à rompre
avec ce monde. Quelques-uns de manière consciente, d'autres par pure
nécessité. Le système lui-même nous jette aux marges de la
société, la seule issue est l'autogestion et l'occupation de terres
et de maisons abandonnées. De cette manière, nous créons nos
moyens de subsistance, nos modes d'échange, nos lieux de vies, nos
quartiers, notre culture.
Bien que
nous restions pauvres, quand notre existence perturbe les plans des
riches, ceux-ci se déchaînent contre nous avec la force que leur
octroie l'État, la presse et le Capital. Pour contrecarrer ces
attaques, ceux d'en bas nous avons une option claire : la
solidarité, l'auto-organisation horizontale, l'apprentissage
collectif et la mobilisation constante. Dans ce contexte, on retrouve
aujourd'hui ceux qui se sont organisés depuis la mi-2014, dans la
Coordination des Voisins contre les Expulsions.
Avant
l'existence de la Coordination, alors que pleuvaient des citations à
comparaître en justice pour des expulsions de près de 100 familles
des quartiers de Las Cumbres, El Remanso, Neptunia et Marindia
(département de Canelones, Uruguay), un groupe d'occupants
réfléchissait et agissait sur ce thème. Il convoqua une réunion
sur l'occupation d'espaces abandonnés pour gérer les difficultés
et organiser la défense juridique et les outils sociaux. Lors de
cette réunion, des camarades avocats expliquèrent les lois qui nous
portent préjudice et de quelle manière nous pouvions nous défendre
face à un tribunal ou à la police (en ce qui concerne la loi). Nous
y avons également raconté brièvement la campagne qui fut gagnée
contre les tentatives d'expulsions dans le (quartier) el Remanso en
2010/2011, puis nous avons commencé à discuter des moyens de
défense possibles face à ces nouvelles attaques.
Deux jours
après, au milieu d'une pluie torrentielle, une assemblée très
nombreuse a donné naissance à la Coordination qui, comme le dit son
premier communiqué, « est un espace que
des voisins de différents quartiers de la zone se sont donné face à
la nécessité de développer une résistance organisée aux
tentatives d'expulsion. En tant qu'espace de coordination de groupes
et d'individus, elle n'est pas ni n'a l'intention de devenir une
Organisation, mais plutôt une assemblée ouverte de voisins et
voisines, occupants ou non, qui décident de leurs actions par
consensus. »
La
Coordination a appelé à plusieurs manifestations, des
rassemblements devant le tribunal d'Atlantida (chef-lieu de cette
zone). A chaque fois qu'un voisin était convoqué, des mobilisations
étaient organisées devant le commissariat de Salinas (Canelones) et
la Cour suprême à Montevideo. La Coordination a participé à
plusieurs débats, à Canelones, Montevideo et Artigas (trois
départements de l'Uruguay), avec la claire intention de diffuser la
problématique ponctuelle de sa zone et d'étendre ses liens avec
d'autres zones affectées par le même problème : le supplice
de la propriété privée, ses défenseurs et ses pseudo-critiques.
Il est
important de comprendre que la résistance contre les expulsions, les
poursuites pénales, la persécution et le harcèlement policier
n'est pas une simple lutte de défense des individus qui subissent
une répression systématique. Elle devient une lutte de défense du
territoire, telle que l'entend Miquel Amorós : « un
combat contre sa transformation en marchandise, c'est-à-dire contre
la constitution d'un marché du territoire. Le territoire est
maintenant le facteur de développement fondamental, source
inépuisable de terres à urbaniser, promesse de gigantesques
infrastructures, lieu d'installation de centrales électriques ou de
décharges publiques, espace idéal pour le tourisme et l'industrie
du loisir... »
Dans notre
cas précis, le projet du gouvernement et des riches est d'urbaniser
et de transformer la zone en un centre touristique. Les pauvres, bien
entendu, nous gâchons le paysage et, par conséquent, nous devrions,
selon eux : embrasser leur mode de vie ou partir (en prison, si
possible).
Mais cette
lutte n'est pas seulement contre les expulsions, elle est avant tout
pour obtenir la terre pour celui qui l'habite et la travaille ;
c'est une lutte de défense de tout ce que les voisins construisent
actuellement. C'est une défense des formes de vie autogérées qui
sont nées : de l'auto-construction de maisons et
d'installations sanitaires écologiques aux potagers, en passant par
les projets éducatifs communautaires et autonomes, les marchés, les
espaces culturels, bibliothèques, centres de quartier, pratiques
solidaires de médecines naturelles, projets de travail autonomes,
etc.
Dans
beaucoup de textes, on évoque la nécessité de se réapproprier ou
de créer des relations horizontales, solidaires, libérées des
rapports marchand. Des relations qui acceptent et renforcent la
différence et la diversité. Un réseau social, une culture, un
territoire qui permettent le développement d'une vie plus libre.
Cela existe dans plusieurs lieux du monde et cela est (en train
d'être) menacé par le développement économique et les États.
Seule la
solidarité active peut freiner ces abus et stimuler davantage
l'existence de formes de vie où le quotidien est révolutionnaire.
Le mouvement est contagieux, le renversement est possible.
Pour la
terre et la liberté.
Noyau
d'occupants en lutte
Texte tiré de la compil' Tierra y Libertad, pour plus d'info cliquez ici
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