lundi 18 avril 2016

Concert Tierra y Libertad lundi 2 Mai à Namur
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Pour la terre et la liberté

Depuis que la propriété privée existe, il y a ceux qui possèdent et les autres. Au sein des classes dépossédées, nous avons été obligés de subir l'esclavage salarié, subissant des milliers d'infamies à la seule fin de pouvoir continuer à survivre en ce monde. Mais certains d'entre nous résistent, se rebellent et cherchent à rompre avec ce monde. Quelques-uns de manière consciente, d'autres par pure nécessité. Le système lui-même nous jette aux marges de la société, la seule issue est l'autogestion et l'occupation de terres et de maisons abandonnées. De cette manière, nous créons nos moyens de subsistance, nos modes d'échange, nos lieux de vies, nos quartiers, notre culture.

Bien que nous restions pauvres, quand notre existence perturbe les plans des riches, ceux-ci se déchaînent contre nous avec la force que leur octroie l'État, la presse et le Capital. Pour contrecarrer ces attaques, ceux d'en bas nous avons une option claire : la solidarité, l'auto-organisation horizontale, l'apprentissage collectif et la mobilisation constante. Dans ce contexte, on retrouve aujourd'hui ceux qui se sont organisés depuis la mi-2014, dans la Coordination des Voisins contre les Expulsions.

Avant l'existence de la Coordination, alors que pleuvaient des citations à comparaître en justice pour des expulsions de près de 100 familles des quartiers de Las Cumbres, El Remanso, Neptunia et Marindia (département de Canelones, Uruguay), un groupe d'occupants réfléchissait et agissait sur ce thème. Il convoqua une réunion sur l'occupation d'espaces abandonnés pour gérer les difficultés et organiser la défense juridique et les outils sociaux. Lors de cette réunion, des camarades avocats expliquèrent les lois qui nous portent préjudice et de quelle manière nous pouvions nous défendre face à un tribunal ou à la police (en ce qui concerne la loi). Nous y avons également raconté brièvement la campagne qui fut gagnée contre les tentatives d'expulsions dans le (quartier) el Remanso en 2010/2011, puis nous avons commencé à discuter des moyens de défense possibles face à ces nouvelles attaques.

Deux jours après, au milieu d'une pluie torrentielle, une assemblée très nombreuse a donné naissance à la Coordination qui, comme le dit son premier communiqué, « est un espace que des voisins de différents quartiers de la zone se sont donné face à la nécessité de développer une résistance organisée aux tentatives d'expulsion. En tant qu'espace de coordination de groupes et d'individus, elle n'est pas ni n'a l'intention de devenir une Organisation, mais plutôt une assemblée ouverte de voisins et voisines, occupants ou non, qui décident de leurs actions par consensus. »

La Coordination a appelé à plusieurs manifestations, des rassemblements devant le tribunal d'Atlantida (chef-lieu de cette zone). A chaque fois qu'un voisin était convoqué, des mobilisations étaient organisées devant le commissariat de Salinas (Canelones) et la Cour suprême à Montevideo. La Coordination a participé à plusieurs débats, à Canelones, Montevideo et Artigas (trois départements de l'Uruguay), avec la claire intention de diffuser la problématique ponctuelle de sa zone et d'étendre ses liens avec d'autres zones affectées par le même problème : le supplice de la propriété privée, ses défenseurs et ses pseudo-critiques.

Il est important de comprendre que la résistance contre les expulsions, les poursuites pénales, la persécution et le harcèlement policier n'est pas une simple lutte de défense des individus qui subissent une répression systématique. Elle devient une lutte de défense du territoire, telle que l'entend Miquel Amorós : « un combat contre sa transformation en marchandise, c'est-à-dire contre la constitution d'un marché du territoire. Le territoire est maintenant le facteur de développement fondamental, source inépuisable de terres à urbaniser, promesse de gigantesques infrastructures, lieu d'installation de centrales électriques ou de décharges publiques, espace idéal pour le tourisme et l'industrie du loisir... »

Dans notre cas précis, le projet du gouvernement et des riches est d'urbaniser et de transformer la zone en un centre touristique. Les pauvres, bien entendu, nous gâchons le paysage et, par conséquent, nous devrions, selon eux : embrasser leur mode de vie ou partir (en prison, si possible).

Mais cette lutte n'est pas seulement contre les expulsions, elle est avant tout pour obtenir la terre pour celui qui l'habite et la travaille ; c'est une lutte de défense de tout ce que les voisins construisent actuellement. C'est une défense des formes de vie autogérées qui sont nées : de l'auto-construction de maisons et d'installations sanitaires écologiques aux potagers, en passant par les projets éducatifs communautaires et autonomes, les marchés, les espaces culturels, bibliothèques, centres de quartier, pratiques solidaires de médecines naturelles, projets de travail autonomes, etc.

Dans beaucoup de textes, on évoque la nécessité de se réapproprier ou de créer des relations horizontales, solidaires, libérées des rapports marchand. Des relations qui acceptent et renforcent la différence et la diversité. Un réseau social, une culture, un territoire qui permettent le développement d'une vie plus libre. Cela existe dans plusieurs lieux du monde et cela est (en train d'être) menacé par le développement économique et les États.

Seule la solidarité active peut freiner ces abus et stimuler davantage l'existence de formes de vie où le quotidien est révolutionnaire. Le mouvement est contagieux, le renversement est possible.
Pour la terre et la liberté.
Noyau d'occupants en lutte

Texte tiré de la compil' Tierra y Libertad, pour plus d'info cliquez ici

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